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Les peintres ne s’attachent pas à une région par hasard : à la recherche de contrastes, de lumières et d’ambiances, ils sont généralement d’excellents guides pour qui aspire à se retrouver, à ralentir le rythme le temps d’un voyage... La Normandie, ce ne sont pas seulement quelques peintres qui en sont tombés amoureux, mais tout un mouvement ! Entre les nuances bleues grises de la manche au gré des nuages, les falaises de craie blanche d’Etretat, le torchis ocre des façades des maisons et les fleurs abondantes qui les décorent, la côte d’Albâtre est bien plus colorée que le néophyte ne se l’imagine. Les impressionnistes avaient là une inépuisable source d’inspiration... Le vélo en Normandie, c’est une alternance de petites routes perdues en bord de mer, de jolis petits ports de pêche et de villages au charme fou. Etretat bien sûr, mais aussi Fécamp, Saint Valéry en Caux ou Veules les Roses sont au programme de la version semaine. L’itinéraire épouse la côte, et nous filons tout droit vers l’estuaire de la Baie de Somme, dont la réserve est un véritable trésor ornithologique. Séduits par l’architecture Belle Epoque de Mers les Bains et la cité médiévale de Saint Valéry sur Somme, nous finissons par les petits ports de pêche qui bordent la baie.
Les premiers coups de pédales sont donnés au centre ville du Havre. Si la ville a payé un si lourd tribu à la guerre que son centre ville n'est pas des plus charmants, de nouvelles tendances architecturales s'expriment le long des docks et revitalisent la cité normande. La tour de l'église de Saint Joseph du Havre, moderne elle aussi, est l'emblème de la ville. Le Volcan, une des plus importantes scènes nationales, arbore lui aussi une architecture avant gardiste. Nous quittons Le Havre par le nord, en longeant la côte. La côte d'Albâtre constitue clairement le fil d'Ariane de ce séjour itinérant et nous la longeons le plus clair du temps. Cap au nord, donc, à la découverte de la campagne environnante. À une centaine de mètres au dessus du niveau de l'eau, les petits villages s'égrènent. Nous sommes déjà au coeur du pays de Caux, ce vaste plateau calcaire qui tire son nom de ses premiers habitants. La côte, quant à elle, tire son nom de la couleur de l'albâtre, ce minéral pourtant absent ici mais dont les nombreuses nuances de blanc sont présentes dans les reliefs abrupts plongeant dans la mer. Nous débouchons d'ailleurs sur l'un des symboles de la côte d'Albâtre : les falaises d'Etretat ! Rejoindre les falaises d'Etretat à vélo, par les chemins de traverse, est un véritable bonheur... Nous nous installons dans un petit hôtel en centre village, et apprécions notre première nuit en bord de mer.
À la différence de la veille, cette étape est assez courte pour qu'il nous soit possible de profiter d'Etretat. Après le petit déjeuner, possibilité de partir sur le chemin des douaniers, ce superbe sentier qui longe la côte morcelée. En point d'orgue, la vue sur la roche percée d'Etretat. La balade peut être modulée en fonction de vos envies, mais nous prévoyons entre 1h30 et 2h de balade. Nous enfourchons ensuite nos vélos et rejoignons Yport. Passage par les valleuses, terme caractéristique du pays de Caux pour désigner les dépressions du terrain donnant naturellement accès à la mer. Mais les valleuses sont aussi pour nous synonymes de descente et de montée ensuite ! Yport est un joli petit port de pêche très bucolique, qui invite à la rêverie... Nous atteignons, probablement vers le milieu de l'après midi, le joli bourg de Fécamp, dont l'activité principale est tournée vers la mer, comme l'étymologie de son nom tendrait à le prouver. De toute évidence, le poisson est ici à l'honneur et ne doutons pas que nous pourrons, après une promenade sur les planches du fronton, goûter aux différentes préparations de moules des nombreux restaurants fécampois.
La sortie de Fécamp ce matin est "tonique" : la valleuse de la Valmont, dans laquelle la ville se love, est particulièrement creusée et il nous faudra un peu d'effort pour retrouver le plateau qui surplombe les vagues de la mer. Journée d'exploration de l'arrière pays de Caux, ses petits villages paisibles plantés au milieu de prairies humides, de roselières, de tourbières et de forêts. Les toutes petites routes, où deux voitures peinent à se croiser, sont tout simplement idéales pour notre activité. Nous pouvons rouler de front et profiter du paysage. Passage à Sassetot le Mauconduit, dont le château servit de résidence à Sissi l'impératrice. En fin de journée, un dernier plongeon en direction de la mer, et nous voici à notre étape du soir, Veulettes sur Mer. Sa longue et large plage de galets clairs et ronds renvoie les rayons du soleil vers les hautes falaises blanches qui la bordent. La butte du Catelier se dessine dans un ciel assombri de fin de journée. Là encore, le lieu est propice à la totale déconnexion !
Peu après avoir quitté Veulettes, nous faisons un petit stop au château de Janville, belle bâtisse du XVII ème entourée de verdure et d'un colombier en parfait état. Visite libre et agréable. Une belle petite route qui se transforme en piste nous conduit tout droit vers Saint Valéry en Caux, joli petit port cauchois dans les eaux duquel se côtoient embarcations de pêcheurs et voiliers de plaisance. Un petit passage devant la fameuse "maison Ladiré", une maison du XVI ème siècle. Très bien fleuries, les ruelles qui encerclent le port vivent au rythme des retours de mer et des marchés aux poissons. A peu près à mi étape, Saint Valéry nous accueillera bien volontiers pour la pause déjeuner. Continuation l'après midi pour finir la journée sur l'une des plus belles étapes de ce séjour itinérant : Veules les Roses. Le village peut être considéré comme parmi les plus beaux de France, et peut être le plus beau de Normandie, c'est tout dire ! Baigné par la Veules, ce petit fleuve détenant le record du plus petit cours (seulement 1194m), Veules les Roses regorge de joyaux à découvrir au fil d'une balade à pied ou à vélo. Inhabituelles à nos yeux, les cressonnières tapissent d'un vert éclatant les rivages du fleuve. Le cresson, plante aquatique, s'y développant en effet admirablement bien. Les moulins à eau, les pigeonniers et les superbes maisons à colombages et aux toits traditionnels de chaume nous propulsent plusieurs siècles en arrière ! Et bien sûr, les nombreuses roseraies qui envahissent parterres, haies et murs de leur noble fleur. De toute beauté... Nous nous installons dans notre chambre d'hôtes et jouissons d'une soirée dans ce cadre enchanteur.
Difficile de reprendre la route et de quitter un si joli village. Mais rien n'interdit d'y retourner un jour ! Nous voici donc repartis, toujours cap au nord en longeant la côte d'Albâtre. Passage à Sotteville sur Mer, puis nous longeons la mer au plus près, sur une minuscule petite route, avant de rejoindre Saint Aubain et Quiberville. Arrêt à Saint Marguerite sur Mer et son église romane du XII ème, puis aller/retour possible au petit phare d'Ailly. Nous traversons également le village de Varengeville sur Mer, lieu de villégiature prisé des bourgeois parisiens des siècles passés. De son côté, une fois n’est pas coutume, le niveau 2 fait une incursion dans les terres. Nous rattrapons une partie de l’itinéraire cyclable de la route du Lin dans la vallée de la Saâne de Luneray à Pourville s/mer. Puis une nouvelle fois, nous glissons depuis le plateau calcaire du pays de Caux vers la mer. Ce soir, c'est Dieppe qui nous accueille. Dieppe est sans conteste la ville normande qui peut s'enorgueillir d'un passé maritime d'une extrême richesse. Surnommée la ville aux quatre ports, Dieppe a su tirer profit de sa position privilégiée : son port est le plus proche accès à la mer depuis Paris. Malmenée lors de conflits dont elle paya un lourd tribut (guerre franco-anglaise, dite guerre de cent ans, et seconde guerre mondiale), Dieppe conserve néanmoins de beaux vestiges d'une époque où la société de loisirs commençait à déplacer les parisiens vers les eaux de la Manche. Le chateau de Dieppe mérite aussi qu'on lui accorde une visite : datant du XVème siècle, il fut érigé pour lutter contre l'ennemi de toujours, l'Angleterre. Installation en chambre d'hôtes, et soirée dieppoise pour profiter des nombreux restaurants aux spécialités normandes variées.
Avant dernière étape de notre périple, et dernière étape normande, car ce soir nous dormons aux portes de la Picardie. Aujourd'hui, ce sont peut être les derniers champs de lin au bord desquels nous poserons nos roues. Car en effet, si la Normandie s'exporte, on le sait, pour sa crème, son camembert et son Calva, c'est aussi une des régions du monde où le lin est très présent. Deux tiers de la production française est tirée des champs du pays de Caux. Sa tige, frêle et élancée, oscille au gré des vents du large, créant des ondulations hypnotiques ! La petit fleur bleue ciel se fait désirer car il n'est pas évident de la voir tant sa floraison est éphémère. Néanmoins, les champs de lin apporte aux cauchois la couleur de leur terre. Le lin connait aujourd'hui une renaissance, un véritable engouement que l'on peut attribuer à ses vertus écologiques (faible nécessité en produits photo sanitaires, et transformation indolore). De villages en villages, de Belleville sur Mer à Tocqueville sur Eu, nous ne nous lassons pas de découvrir la campagne normande. Arrivé à Criel sur Mer, nous plongeons au bord de la manche et découvrons sa plage de galets, entourée des plus hautes falaises de craie d'Europe. L'alignement imparfait des petits cabanons de bois peint ajoute à la magie des lieux. Continuation d'étape jusqu'à rejoindre le Tréport, dernier bastion normand avant la plaine et la Baie de Somme, et station balnéaire bien agréable.
Nous quittons donc le Tréport ce matin avec l'excitation propre aux fins de voyage. La campagne normande laisse place au département de la Somme, région Picardie. L'itinéraire du matin est au plus près de la Manche. Petit à petit, les prémices de la vaste baie de Somme apparaissent. Finies les hautes falaises blanchâtres, place au littoral picard. Nous commençons à rouler entre terre et mer, car il a fallu ici, à l'inverse du plateau du pays de Caux, protégé des eaux par ses remparts naturels, se battre contre les coups de boutoir de la Manche. Après Cayeux sur Mer, nous roulons donc sur des digues, jusqu'à rejoindre Saint Valéry en Somme, sur la rive sud de la baie, l'un des trois ports, avec le Crotoy (rive nord) et le Hourdel. La baie de Somme est un véritable trésor ornithologique, si riche qu'il serait impossible de le détailler ici. Fort heureusement, de nombreux panneaux pédagogiques jalonnent les itinéraires longeant la baie. Une belle surprise nous attend pour terminer notre périple : nous nous rendons à la gare de Saint Valéry en Somme et prenons place à bord d'un petit train touristique, dont les locomotives datent pour la plupart du premier quart du XXème siècle ! Ambiance garantie à bord de ce train si particulier qui contourne la baie jusqu'à nous déposer à Noyelles sur Mer, petite bourgade qui marque la fin de notre voyage.
Les distances et dénivelées sont données à titre indicatif.
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