Photos - Traversée des Alpes 2010 / M. Jouvet

Dis tonton c’est loin Menton !!!!

La belge attitude, la pilule québécoise et autre libanaiserie à la fleur de thym s’étaient données rendez-vous du côté de Thônon-les-Bains, accompagnant la postérité française aux couleurs de l’Yonne et de l’Ardèche.

Que du beau linge ! La crème de la crème Sur, avec où quelque fois à côté du vélo, en accord avec la Belle Hélène qui donna le « la » tout au long de cette semaine.

Bon, j’arrête de balancer des fleurs, le vélo est un loisir ingrat, surtout quand ça monte.
Dès le premier jour de notre petite ballade, nous nous rendons vite compte que le lac Léman n’est pas prêt de déborder en Méditerranée.

La nature est soi disant bien faite, mais qui a bien pu mettre tous ces tas de cailloux dans un désordre le plus total en travers de nos roues, bonjour la Colom-bière (belge)et afin de nous lester un peu plus, cette journée de forçats se terminera en tartiflette à La Clusaz.


Jour 2, on bosse à nouveau au soleil et le relief nous le rend bien. Arrivés aux Aravis, le frais nous « Saisies ». Arrêt à Beaufort, de quoi s’en mettre dans le « Cormet » pour essayer de se réchauffer. On bourg jusqu’à St Maurice et le Gite du soir est encore là haut sur la colline à 8 km de faux plat montant l’air de rien. De quoi nous cramer un peu plus, mais quand on aime


Jour 3, à la Sainte Cale, le fier Philou des belges est pale devant le val d’Isère qui pour toutes les gambettes devient val misère.

ça monte sur plus de 50 bornes pour atteindre l’Iseran, la camionnette fait le plein de souffrance quand le soleil est trop fort ou quand les batteries sont à plat, Bernard, le feu follet belge s’envole et je commente le relief à notre québécois médusé par tant de beauté à l’oblique plus que positive.

Et oui ça monte jusqu’à 2700 m. Cool pépère, pas de perf quand papy 80 printemps de Bagnère de Bigorre nous accueille au col frais comme la rose

Descente touristique avec la visite de Bonneval sur arc, Bessans et descente venteuse sur Bramans aux portes de la Vanoise.


Jour 4, il est temps de prendre les choses avec un peu plus de sérieux, la route descend encore et encore pour mieux remonter, le vent souffle dans le bon sens, il fait frais en direction de St Michel de Maurienne. En levant la tête vers l’étoile des neiges, nous apercevons le fort du télégraphe. La marche est de nouveau haute. Je suis dans mon jardin je connais chaque virage les yeux fermés, une zone préservée dans ma mémoire d’il y a 20 ans, accompagné par le ronron du moteur de l’estafette, avec le pied à la portière. A vélo, c’est la même chose les pieds sont simplement plus actifs.

Après 2 jours de repos, notre Philou belge se prend pour un choucas des montagnes et s’envole vers les sommets, à croire qu’il a un rencart là haut sur le Galibier. Pour nous, c’est plus vacances, arrêt à Valloire pour se sustenter, station fantôme, dur de trouver un troquet Au zénith de la journée, le soleil tape dur pour un mois de septembre, les Vernay, la Rivine, rien n’a changé, l’été en pente douce jusqu’au rocher St Pierre, après c’est une autre montagne, le plan ne lâche pas prise, notre québécois roi de la poisse se paye le luxe d’une XXXème crevaison.


Puis les moutons, qui sont chez eux nous barrent la route, difficile pour prendre son élan. Chacun son train, le Galibier ça se mérite et il irrite les mollets quand on se met à reculer avant de s’arrêter dans les derniers hectomètres montréalais, (souvenir douloureux français).

Le Lautaret est aussi un col en pente. Pour cette fois, c’est le bon sens qui l’emporte en descendant le vallon en direction de Briançon.

Ça faisait longtemps que notre petit québécois ne s’était pas dégonflé, il fallait bien que ça arrive une seconde fois à quelques encablures de Chantemerle où nous attendaient gîte et couvert et quelques pintes de bière.


Jour 5, un petit dernier pour la route il aurait été dommage de passer à côté de l’Izoard sans le visiter, la stèle à Fausto et Louison, la casse déserte et la superbe descente sur Arvieux. L’aviron belge est aux anges et ne regrette pas le détour. Vallée du Guill avant la rebelotte de l’après-midi et son col de Vars, le 2ème 2000 de la journée, le soleil tape dur et la pente raide en son début, au milieu et vers la fin, partout quoi ! Côté Pierre du Liban, il fait le bilan sur ce caillou varsois, devant une bonne crêpe au sarrasin accompagnée d’un quart de vin vive la descente sur Jausier et sa pharmacie pour soulager les fessiers endoloris et autres rougeurs cul tanné. Gite sympa, séance d’électro-stimulation en chaise longue et une première expérience pour notre Montré-halé de la boite crânienne : le Ricard ! Le petit apprend vite et en oublie ses pilules du soir.


Jour 6, ça sent le sud du côté de Barcelonnette et la Cayolle à 2 300 m se monte pépère. Heidi l’homme cagoulé a repris son vélo et profite de la fraicheur de la matinée pour éviter de trop prendre les UV. C’est à tombeau ouvert que Guillaumes est atteint pour une pause déjeuner bien méritée.

Pas de volontaire pour les gorges de Daluis à portée de fusil, tant pis, mais moi je connais et je sais ce qu’ils ont raté.

Ça monte chauffé à blanc de blanc sur Peone, Show devant, show dessus et dedans et fontaine du village qui tombe au poil, de quoi se foutre à poil au top de la fraicheur, je trempe et mamy du coin me dit que je vais avoir le mal. J’en passe tout de même une 2ème couche avant l’arrivée dans les lacets de Valberg, montée très agréable au frais de la forêt, on en oublierait presque le dénivelé, col à 1 700 m tout de même, avec en prime un bon café.

Bon ce n’est pas tout, mais on n’est pas encore arrivé avec déjà plus de 100 bornes dans les jarrets, il nous faut attaquer le petit dernier de la journée.

La Couillole avec notre gîte au col, son patou blasé et sa collection nature de baignoires qui ne voient que les sabots des vaches et non pas d’Hélène.

Petite balade sur les sentiers du col, histoire de décontracter les mollets et promener le chien Repas sympa, Philippe va se coucher crevé par ses parties de ping pong endiablées avec Hélène en attendant les ceux qui sont à vélo.


Jour 7, tu te mouilleras les chaussettes. Ce serait faux de dire que la Couillole a des fuites, mais le ciel est bien gris en ce vendredi et les vêtements ad-hoc sont de sortie. Ça caille l’humide dans la descente vers le lit de la rivière Tinée et il ne faut pas trembler car il y a du gaz dans les virages d’en bas, les vestiges du vertige, seules nos jambes en réclament encore de la pente, mais moins les doigts sur les cocottes. On s’enfonce de plus en plus et l’altimètre s’affole vers le niveau de l’amer car après il nous faudra remonter. St Sauveur pare à la chute, et St Martin fait remonter notre ligne de flottaison vers les 1500 m au propre comme au figuré car il se met à flotter.

Une bonne caillante dans la descente vers la Vésubie, c’est une journée yoyo, on est tout secoués et éparpillés, pensant être devant, on est derrière et la camionnette à Hélène fait à nouveau le plein pour réchauffer les corps humides. Stoïques avec Bernard et Heidi nous séchons dans les premiers hectomètres du Turini, avant de subir un rinçage en règle à proximité du col. Pierre est lui aussi in the mood et Stephane sèche dans la cheminée du gîte. Les chambrées sont fraiches car situées au 2ème sous-sol de la cave non chauffée, quand on cause ça fait de la buée et il faut aller dehors, sous la pluie, en maillot pour avoir une sensation de chaud ; Je déconne il y a aussi la cheminée

Le temps reste bouché, il semblerait qu’on puisse apercevoir la méditerranée de notre gîte aux dires des gérants la grande bleue se fait désirer.


Jour 8, La neige a blanchi les sommets et le froid est là pour nous accompagner dans notre dernière étape vers la mer, col de Brau et de Castillon servent de toboggan vers la Méditerranée. Pendant que je descendais vers la mer, mon père montait au ciel et je reste persuadé qu’il y a quelques années, il aurait été à l’aise pour une telle pédalée.